Peut-on encore se permettre de tomber malade ?
En France, le système de santé est souvent présenté comme l’un des plus performants au monde. Cependant, la question se pose : peut-on encore se permettre de tomber malade dans un contexte où les coûts de la santé continuent de grimper ?
Une dépense en santé en constante augmentation
Les chiffres de l’INSEE sont révélateurs. En 2022, la consommation de soins et de biens médicaux (CSBM) a atteint 235,8 milliards d’euros, soit 8,9 % du produit intérieur brut (PIB) et 3 475 euros par habitant. Cette augmentation s’inscrit dans une tendance de progression continue des dépenses de santé. La consommation de soins auprès des médecins a de nouveau progressé en 2022 : +3,8 % pour les généralistes et +4,1 % pour les spécialistes.
Un reste à charge limité mais présent
La France se distingue par un reste à charge des ménages parmi les plus faibles au sein de l’OCDE, représentant seulement 8,9 % de la dépense courante de santé (DCSi), selon la DREES. Cela signifie que la majorité des dépenses de santé sont couvertes par la Sécurité sociale et les complémentaires santé. Cependant, ces dernières ont vu leurs tarifs augmenter de manière significative en 2023 : +9 % pour les assureurs, +8,8 % pour les institutions de prévoyance et +6,9 % pour les mutuelles, d’après UFC-Que Choisir. Cette augmentation des tarifs impacte directement les ménages, qui doivent débourser davantage pour rester bien couverts.
L’impact des arrêts de travail
Les arrêts de travail sont une autre composante majeure du coût de la santé. Selon le baromètre 2023 de l’Observatoire des arrêts de travail, 35 % des salariés ont eu au moins un jour d’arrêt de travail en 2023, avec une durée moyenne de 22,13 jours. La majorité de ces arrêts (92 %) sont dus aux maladies.
Cette situation met en lumière l’importance de comprendre les mécanismes de compensation financière lors des arrêts de travail, qui varient entre le secteur privé et le secteur public.
Les jours de carence
Dans le secteur privé, un délai de carence de 3 jours s’applique avant de percevoir des indemnités journalières. Ces indemnités, versées par la Sécurité sociale, représentent 50 % du salaire journalier de base. Au-delà du huitième jour d’arrêt, les employeurs sont tenus de compléter ces indemnités pour les salariés ayant plus d’un an d’ancienneté, bien que ce complément soit souvent partiel et dépende des conventions collectives en vigueur.
En revanche, dans la fonction publique, chaque arrêt de travail fait l’objet d’un jour de carence non rémunéré. Passé ce délai, les fonctionnaires bénéficient d’un maintien de salaire intégral sous certaines conditions dès le deuxième jour.
Exemple pratique
Pour illustrer l’impact financier des arrêts maladie, prenons l’exemple d’un salarié du secteur privé et d’un fonctionnaire du secteur public, tous deux avec un salaire journalier brut de 100 €, sur une semaine de travail (5 jours ouvrés).
Dans le secteur privé, un salarié en bonne santé perçoit son salaire complet pour la semaine, soit 500 €. En cas d’arrêt maladie, il perçoit seulement 100 € d’indemnités journalières. La différence entre une semaine normale et une semaine d’arrêt maladie est donc de 400 €.
Dans la fonction publique, un fonctionnaire en bonne santé perçoit également son salaire complet pour la semaine, soit 500 €. En cas d’arrêt maladie, il perçoit 400 € en raison des jours de carence et des indemnités. La différence entre une semaine normale et une semaine d’arrêt maladie est donc de 100 €.
Ainsi, tomber malade pendant une semaine entraîne une perte financière de 400 € dans le secteur privé contre 100 € dans le secteur public.